Bikaner, le désert en amoureux
Bikaner, située au cœur du désert du Thar, peu touristique, est le lieu idéal pour faire un camel safari en Inde. Certains amis ayant fait l’expérience à Jaisalmer, nous l’avaient déconseillé car trop touristique, sale, des éoliennes gâchant le paysage et peu de dune au final. Nous suivons donc leurs bons conseils et ne seront pas déçus !
Un camel safari dans le désert du Thar
Le guide/chauffeur vient nous chercher et c’est parti pour une journée et une nuit d’aventures ! On est impatients !
Une visite rapide du temple de Karni Mata à Deshnok, à environ 30 km de Bikaner. Karni Mata est une sage hindoue adorée comme étant l’incarnation de la déesse Durga (l’inaccessible), mais aussi déité officielle de la famille royale de Jodhpur et de Bikaner.
Une légende veut que Karni Mata implora le Dieu Yama (dieu des morts qui juge et distribue les nouvelles naissances à chaque vie selon ses actes = choisit les réincarnations) de ressusciter le fils aimé d’un de ses poètes. Yama refusa puis finit par accepter et autorisa Karni Mata à ramener parmi les siens l’âme du fils décédé mais aussi celle de tous les autres conteurs et poètes, mais pas sous la forme humaine mais en rat !
Et devinez donc quel animal se balade librement dans le temple ???? Des rats, par milliers ! Ils sont nourris par les fidèles qui les considèrent comme saints. Il faut savoir que les restes des rats sont considérés comme bénis par leur salive. Les dévots trempent leurs doigts dans les bols de lait puis les lèchent pour communier avec la divinité ! Cela laisse Vincent plus que très perplexe ! Mdr.
Si un rat est tué par accident, le fauteur doit offrir en compensation une statuette de rat en or massif aux brahmanes du temple ! Autant dire qu’on va faire plus qu’attention où on met les pieds ! On ne voudrait pas être meurtriers, mais surtout pas mettre les pieds dans les défécations des rats !
Le guide nous dit qu’il y a quatre ou cinq rats blancs dans le temple et qu’en apercevoir un porte bonheur ! Nous n’aurons pas cette chance, mais nous n’avons pas dû rester assez longtemps à les observer mdr !
Un rat qui monte sur un pied humain est considéré comme une bénédiction de sa part ! Nous n’aurons pas non plus cette chance, mais on s’en est très bien passé clairement !
Après avoir mis des chaussettes auxquelles on ne tient pas trop et revêtu nos pieds de surchaussettes, on est prets à entrer (oui surchaussettes car il faut se déchausser pour entrer dans les temples hindous, mais pieds nus autant dire que cela nous paraissait impossible !)
On ressort de ce lieu, un peu hallucinés. Les rats sont bien mieux nourris que les humains qui meurent de faim juste à côté. Incredible India.
Nous nous rendons dans un deuxième temple, aussi dédié à Karni Mata. Plus beau, plus propre et plus agréable.
Allez cette fois on prend la voiture pour le safari. En chemin, le chauffeur voulant gagné du temps, double un camion en passant par le bas côté. Ah oui nous sommes au milieu du désert, donc les bas côté = sable et pierres. Et…. La voiture est bloquée ! on descend pour essayer de la pousser, elle s’embourbe encore plus ! Bon ben voilà c’était sympa ce safari ! Mais noooooooooooooooon ! Un camion s’arrête pour nous aider, puis une jeep qui tire la voiture avec une corde. Bon nous on a bien rigolé, le chauffeur une peu moins. Lol ça nous fait un beau souvenir !
Enfin arrivés à destination, nous faisons connaissance avec nos chameliers (assez jeunes d’ailleurs) et nos chameaux. Ou plutôt nos dromadaires. Une femelle avec son petit nommé Babe et un mâle. Delphine sur la femelle, Vincent sur le male et c’est parti !
La fine équipe à la queue leu leu !!
Au début, peu de dune, mais plutot des étendues sableuses avec arbres et cactées. Nous avons la chance de croiser de nombreuses antilopes et dromadaires sauvages.
Le petit Babe va d’ailleurs à leur rencontre en émettant un cri particulier, s’éloignant de sa mère quelques minutes, mais revenant en galopant.
Des villages vraiment typiques, où ils ne voient pas souvent des touristes pour sur ! Des charrettes tirées par des dromadaires.
A l’horizon, les premières dunes. Calme et dépaysement assurés.
Après 2h30 de chevauchée nous parvenons au point de ravitaillement où la jeep nous attend. Deux tables tressées sont installées à l’ombre pour nous, elles feront aussi office de canapé pour la sieste. Le cuisinier fait les chapatis devant nous et nous fait même essayer. Il cuisine sur un réchaud au gaz dans l’arrière de la jeep. Au menu : riz, dal, curry de chou fleur et chapati.
Pendant la sieste, le cuisinier fume le chilam, pipe indienne et invite Vincent à essayer. Pas si facile que ça ! En tout cas on rigole bien !
Nous repartons ensuite pour une bonne heure de balade, cette fois on échange les dromadaires.
Le paysage se fait de plus en plus désertique. Nous arrivons en fin d’après midi au campement, la tente est montée en haut de la dune de sable.
Pour cette fois Vincent sera plus prudent à la descente, car voulant m’impressionner il a fait une jolie cascade à midi !!! Cela lui a valu un beau bleu au mollet pendant une semaine ! Ahhh mon homme tellement serviable 🙂
La vue est grandiose, on se sent seuls au monde. Le coucher de soleil est le must de la journée. Romantisme assuré ! Ahhh notre belle lune de miel. Nous dégustons un délicieux chaï (thé indien) avec quelques biscuits puis discutons avec le guide en attendant le diner.
Il nous apprend notamment que 60% des touristes sont français, merci le routard…lol Mais aussi que l’Inde utilise des centrales à charbon (bonjour la pollution) et qu’il essaie de favoriser le solaire chez les particuliers avec des réductions de taxe. Que les marchés mobiles sont énormes… Et que la mafia est partout !
La nuit tombe assez vite. De nombreux paons aux alentours volent pour se percher dans les arbres à la nuit tombée. Fascinant spectacle. Pour le dîner, nous aurons du riz, un aloo patate et tomate, un paneer petit pois, des chapatis, et des fruits.
Les premières étoiles illuminent le ciel, nous nous allongeons pour les contempler. Plus tard nous rejoignons notre tente que nous fermons bien précautionneusement, le vent souffle cela créé un bruit bizarre qui retentit dans la tente mais nous fermons les yeux et nous endormons au milieu du désert. Après une bonne nuit de sommeil, confortable car les matelas, couettes et oreillers équipaient la tente. Nous nous réveillons tôt le matin, le soleil est déjà levé, nous profitons de la vue et allons petit déjeuner. Retour en jeep à la réalité indienne.
Une expérience vraiment unique que je vous recommande, autant pour la beauté des paysages que pour la rencontre avec des Indiens adorables et vrais. Le dromadaire safari fut une pause dans notre voyage en Inde.
Le fort de Bikaner : Junagarth fort
Siège des maharajas de Bikaner durant des siècles, c’est un des rares forts du Rajasthan à avoir été bâti sur terrain plat. Sa construction est initiée sous le raja Rai Singh en 1589. Durant 4 siècles, il ne cessera d’être agrandi, mêlant architecture militaire et décorative et renfermant palais, cours, terrasses, douves, sanctuaires, etc.. son périmètre atteignant 914 mètres. Habité jusqu’en 1902, il sera ouvert au public en 1963.
Plusieurs cours se succèdent : une première en grès rouge, avec des balcons et colonnades, puis une seconde blanche et rouge occupée en son centre par le trône du maharaja (utilisé pour la fête de Holi), entouré d’un bassin de marbre de Carrare. Sur son côté gauche se trouve le Karan Mahal (salle des audiences), avec un trône en argent et au plafond de belles peintures dorées du 16e siècle.
Une troisième cour, plus petite et entièrement blanche, donne accès à plusieurs salles. Le Phul Mahal, salle des fleurs, est la partie la plus ancienne du palais. Ses peintures sont d’une finesse incroyable : le plafond rouge, les portes aux motifs de la vie quotidienne, les murs blancs aux motifs floraux. De vraies œuvres d’art.
L’Anup Mahal, salle du couronement, tapis confectionnés par des prisonniers, piliers ouvragés, plafonds et murs incrustés de miroirs et d’or… un peu chargé quand même la déco !
Le Badal Mahal, salle des nuages, décorée de fresques de Rada et Krishna dans un ciel bleu nuageux, avec des éclairs stylisés et une illusion que la pluie s’écoule sur les murs… endroit destiné aux enfants du maharaja qui n’avaient jamais vu la pluie !
Arrivés au premier étage, une nouvelle cour à colonnades, en grès rouge, donnant sur le jardin d’un côté et la cour inférieure avec le trône et son bassin, de l’autre. De là on découvre les peintures extérieures des étages supérieurs de plus près.
Chambre de Gaj Singh Manda : balançoire dorée, décoration murale magnifique.
Par une succession de couloirs, on rejoint une autre partie de la forteresse, où se trouve la pièce de vie, Lal Niwas, ainsi que plusieurs chambres. Là aussi les murs et plafonds sont richement décorés.
Puis la salle d’armes : fusils, sabres… mise en scène nous rappelant les chateaux en Ecosse !
Le Ganga Niwas, salle de conférence, date de 1937, motifs sculptés dans la pierre, plafonds en bois de rose et lustres occidentaux.
Bureau du maharaja Ganga Singh, uniformes, avion biplan de la Première guerre mondiale, palanquins.
En sortant, nous découvrons la façade intérieure du fort, on voit bien les différents styles architecturaux.
Les anecdotes de Bikaner
Après notre escapade, seul au milieu de nul part, nous revoilà en ville où l’atmosphère est à l’opposée : du bruit, des voitures et touktouk partout, beaucoup de monde, peu de tranquillité. On part visiter le fort avec Max et Cyrielle, les deux volontaires de l’AFEV où nous avons logé à Bikaner.
Ah oui l’AFEV c’est association humanitaire fortement recommandée par le routard qui promeut l’artisanat local et aide les enfants orphelins à accéder à l’école et avoir une famille. Ca nous laisse un peu perplexe sur le côté humanitaire. Natacha la responsable n’est pas très accueillante, on voit plutôt le côté money money. Nous n’avons jamais rencontré un indien chez elle pendant nos 4 jours. Quand à la cuisine c’est un taudis voir pire que ça, d‘ailleurs Max la 1ere chose qui lui propose c’est de faire le ménage de la cuisine plutôt que de s’occuper de son assos. Elle leur demande de travailler sur son site booking.com, de réaliser les colis à envoyer en France, de trier ses recettes de cuisine et de les photocopier… Certes c’est indirectement pour l’association, mais pas vraiment au service des indiens directement.
Tout ça pour vous dire que si on devait faire de l’humanitaire, ce ne serait surement pas du volontariat dans ce genre d’assos !
Natacha nous parlera de la mafia dont elle a été victime. Apparemment son association dérange. Il y a quelques années en pleine nuit, elle s’est faite tirer dehors et frapper par des inconnus. Les voisins ont éteint leur lumière, personne n’est venu l’aider. Elle apprit plus tard que les voisins les connaissaient mais ne pouvaient parler. Par plusieurs péripéties, elle réussi à les retrouver, il y eu un long procès et finalement les agresseurs ont été reconnus coupables mais n’ont pas eu de sanctions.
Elle nous apprend aussi que les indiens ont une sorte de « compétition » des photos prises avec des étrangers. Un peu comme avec les cartes Pokémon ! Il y a un vrai code : tel pays, la façon dont ils se positionnent sur la photo, fille ou garçon, chaque indicateur vaut un certain nombre de points. Autant vous dire qu’après ça les photos avec les indiens c’est terminé (déjà qu’avant on refusait) ou alors on fera comme eux : 10 roupies, 20 roupies… en se mettant la main sur le visage !
Elle nous explique aussi qu’ici les hommes ont tendance à pincer les seins des femmes étrangères, notamment quand il y a beaucoup de monde. Que cela est même de notoriété publique ! Donc qu’il est fortement déconseillé aux femmes de se balader seule, ou d’aller dans des rassemblements. Moi ça a failli m’arriver en me baladant dans la rue près du souk, avec Vincent juste à côté de moi. On marchait tranquille, le mec arrive en face et fait un geste en direction de mes seins. Reflexe de kung fu je me mets en position de défense et le bloque. Je me mets à hurler, il se barre en courant en s’excusant ! Déjà que notre opinion sur la ville n’était pas géniale, mais après ça nous sommes carrément dégoutés.
Vincent était quand même très fier de mes réflexes. Lol !