Jaisalmer, la ville aux havelis
Cette jolie ville, perdue dans le désert, est à une centaine de km seulement du Pakistan. Du coup, ici on sent la présence militaire, souvent des hélicos survolent la zone, de nombreux camions militaires sur les routes et beaucoup de casernes alentours.
Elle vit le jour en 1156, suite à une prophétie, annonçant la venue d’un prince rajpoute, Jaisal, et fondation d’un royaume. La ville fut deux fois en siège au 14e siècle, dont un dura 7ans, car les sultans de Dehli voulaient mettre fin aux princes rajpoutes qui semaient la terreur dans la région et pillaient les caravanes reliant l’Inde à la Perse. Par deux fois, Jasaimal tomba, malgré la férocité et le courage des hommes qui se lancèrent dans un combat perdu d’avance et que leurs femmes aient sauté par dizaine dans le grand bucher d’un johar.
Après l’alliance entre Rajpoute et Moghols, Jaisalmer s’enrichit grâce aux taxes récoltées sur les caravanes d’épices, d’indigo et d’opium. Malheureusement, le développement du port du Mumbai par les Britanniques et l’ouverture du canal de Suez sonnèrent le glas du commerce caravanier. Jaisalmer retomba alors dans l’oubli. Aujourd’hui elle vit du tourisme et a une valeur stratégique liée aux frontières.
Nous logeons dans la forteresse même, dans une agréable guesthouse. Sa terrasse offre une vue imprenable sur la ville. Nous y dinerons un soir, à la lueur de la bougie, assis sur la pierre encore chaude des remparts (chauffée par le soleil). Délicieuses spécialités râjasthânis. Nous sommes les seuls sur la terrasse. Le serveur est au petit soin, mais discret. Une soirée romantique comme on les aime.
Un invité surprise dans l’escalier, mais c’est gentil et ça mange les insectes !
Arrivés de nuit, nous découvrons donc Jaisalmer de l’intérieur. Nous nous baladons dans les ruelles fraiches de la citadelle aux couleurs ocre jaune.
Ganesh, le dieu protecteur de la maison n’est jamais très loin.
De belles maisons, finement sculptées, des portes en bois d’un autre temps, des temples jaïns, accessibles qu’aux hindous, des indiens souriants, quelques shops, peu de sollicitations ou du moins bon enfant. Un vrai plaisir !
Les ciselures sont de formes très très variées, les ouvriers de l’époque étaient de vrais artistes !
Et ce qui est super, c’est que les havelis qui sont restaurées ou reconstruites, ont elles aussi, de fines décorations et semblent respecter la tradition architecturale de la citadelle.
Vue sur la ville basse : maisons à un ou deux étages, avec toit-terrasse.
Vue sur la ville nouvelle, ça fait tout de suite moins rêver !
Tapis en patchwork indien (c’est à dire ornés de miroirs, perles et déco parfois un peu kitch), bracelets de chevilles, bagues en argents, masques, représentent les achats typiques du Rajasthan.
Nous descendons ensuite dans la ville basse.
Un joli lac où l’on peut faire du pédalo. Pour le même prix que les Indiens, nous fait remarquer le vendeur lol. Allez c’est parti un peu de sport-détente ! Le calme du lieu nous enchante, quelques groupes de jeunes s’amusent aussi sur des pédalos. Y’en a même un qui nous demande une selfie au milieu de l’eau MDR !!
Tout autour des ghâts, des bœufs errant, des corbeaux, un temple, et nous apercevons des gens jeter une sorte de brioche dans l’eau. En fait ils nourrissent de nombreux poisson-chats, de vrais voraces ! c’est assez impressionnant, mieux vaut ne pas tomber à l’eau !
Les havelis de Jaisalmer
Dans cette ville, assez propre soyons honnêtes, et calme, de magnifiques havelis occupent différentes rues, petites ou grandes, il faut donc un peu de patience, de marche et un sens de l’orientation un peu développé pour les trouver !
Nous avons même dû faire le tour d’un pâté de maison une fois car une vache nonchalante avec de grosses cornes nous barrait la route ! Et elle charge les vaches ici, testé, mais pas approuvé car ça fait mal !
Les havelis, somptueuses demeures de riches marchands, furent construites au 18e siècle. C’était à qui bâtirait la plus grande, la plus belle, la plus imposante !
Au décours de ruelles, nous découvrons donc ces maisons pleines de charmes, tantôt habitation, tantôt ouvertes à la visite, en rénovation ou transformées en shops. Les ciselages nous laissent souvent sans voix : fleurs, géométrie, animaux, etc… Beaucoup de détails, on ne sait plus où regarder 🙂
La présence de deux éléphants à l’avant de la haveli indique que le haut rang social du propriétaire.
En sortant d’une haveli, ou plutôt du shop, une jolie dame vient nous jouer de la musique avec un instrument plus qu’étrange : un clou qu’elle fait vibrer dans sa bouche. La sonorité est assez agréable, bien que inhabituelle.
Au décours d’une rue, nous rentrons dans un hôtel qui semble assez classe et renferme un musée. Nous ne le visiterons pas, mais l’extérieur est somptueux avec un jardin riche en bougainvilliers de toutes les couleurs ! Un peu d’ombre, car il fait 40°C !
Vraiment un beau patrimoine architectural.
Le Palais Rajmahal
Quand nous nous y rendons, les prix ont encore augmenté et du coup 500 roupies ça nous paraît excessif ! Le gardien nous voit faire demi tour et nous fait l’entrée à 400 roupies ! Ok ! C’est dingue en Inde, même dans les monuments nationaux, les prix varient à la tête du client ! Hallucinant. Bon après il nous demande de payer si on veut faire des photos. On se passera des photos pour cette fois, du moins officiellement 😉
Ce palais de 7 étages, bâti au 16e s., comprend plusieurs bâtiments, dont le quartier des femmes, « zenana ».
Le « siège du lion », trône aux huit fauves et deux paons encadrant une fleur de lotus sur lequel les maharajas sont couronnés. Ce fut encore le cas du dernier en date en 1912.
Une exposition de sculptures anciennes
De la terrasse la plus haute, vue sur la ville et les remparts.
Dans un escalier des dizaines de chauve souris ont élu domicile. C’est rigolo.
Nous quittons Jaisalmer par le train, dans lequel nous rencontrons deux japonaises. Le contrôleur arrive et leur signale qu’elles ne sont pas dans le bon wagon ! Dommage ! On a tout de même eu le temps d’échanger quelques infos sur leur pays 🙂
De magnifiques paysages désertiques, puis un temple en hauteur au milieu d’une terre rouge. De longs trains militaires, avec tank, camions, armes. Des tentes sont mêmes installées à même le train et ils campent et vivent là ! On sent le poids de la frontière et la tension.
Note pratique :
Pendant notre voyage, nous sommes amenés à faire du change, car les frais bancaires non merci et puis ça permet de suivre la bourse lol (oui on n’y connaît rien mais bon…) Et en Inde, on se rend compte que la valeur de l’euro varie beaucoup. On passe de 76 à 71,5 en quelques jours à peine. Et si la valeur descend très vite, pour remonter, ça prend plus de temps 🙁