Potosi, ville minière
Nous quittons Sucre de bon matin.
Pour nous rendre à la gare routière, nous prenons un taxi car pas de collectivos à cette heure-ci. Et fait assez peu commun, à l’approche de notre but, le chauffeur détache sa plaque taxi de sa voiture. Ce n’était donc pas un taxi officiel ! On profite du trajet en bus pour finir notre nuit.
Arrivés à Potosi, il nous faut trouver une consigne pour laisser nos gros sacs pour la journée et un bus pour Tupiza. Le nouveau terminal, une immense halle circulaire où résonnent les appels et les cris des vendeurs de billets, comme une musique avec un refrain. C’est assez original.
Un collectivo et nous voici dans le centre. Pas mal de circulation et même des bouchons ! On finit à pieds ! Eh oui c’est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute au monde 4090m.
Des étudiants jouent au baby foot devant l’église, pendant que d’autres grignotent des empanadas avec de la salade de chou. L’université est à deux pas de là.
On file au marché … aux vêtements, une dame nous indique le chemin du marché alimentaire. On se faufile entre les stands de tout et de rien : produits de salle de bain, lunettes de soleil, vêtements… Le marché alimentaire est fait de petites allées avec des stands en carrelage blanc. C’est simple mais ordonné, nous ne trouvons pas de quoi manger qui nous tente.
L’église San Lorezo située en face du marché, richement sculptée de style indigène.
On tente un restau dans une rue plus loin. Repas typique à base de poulet pour l’un et de bœuf pour l’autre.
Après cette copieuse restauration, une marche digestive nous amène à la Casa de la Monedad. Visite guidée en groupe obligatoire. Bon ben quand il faut il faut. La guide est bien sympathique, le groupe pas trop grand et la visite en français, ce sera donc bien agréable 😉
Au programme les pièces de monnaie, les minerais issus de la mine et l’histoire de Potosi. Il y a eu tellement d’argent issu de la mine qu’on pouvait soit disant faire un pont d’argent de Potosi jusqu’à l’Espagne. Et il y a eu tellement de mort à la mine qu’on pouvait faire un pont avec les os des décédés de l’Espagne jusqu’à Potosi.
D’où vient « Potosi » ? De « Potojsi » en quechua. Quand les espagnols arrivent, les incas leur annonce que la montagne a parlé « Potojsi, Potojsi ». La communication n’étant pas des plus simples, ils croient que c’est le nom du lieu. Et voilà le nom de Potosi est né.
Les espagnols importaient le mercure pour dissocier plus facilement l’argent des autres matériaux. Les pièces contiennent 80% d’argent et 20% de cuivre. Ils utilisaient un soufflet pour aider au mélange et le mélange chaud était verser dans les moules.
D’abord à traction animale jusqu’en 1689, la fonderie à vapeur est utilisée jusqu’en 1909, puis la version électrique la remplace jusqu’en 1951. Aujourd’hui la production monétaire bolivienne revient trop cher : les pièces sont frappées au Canada et au Chili et les billets fabriqués en France. Ironique quand on sait que la monnaie pour l’Espagne et d’autres pays du monde était fabriquée ici même en Bolivie autrefois !
Les laminoirs, en chêne vert importé d’Europe, étaient actionnés par la traction de 4 mules. Chaque machine possédait 4 appareil de laminage. Les lingots de 25 cm de long, 2 à 5 cm de large et 15mm d’épaisseur étaient introduits 7 fois dans chaque appareil donc 28 fois au total. Au fur et à mesure des passages l’épaisseur diminuait, jusqu’à obtenir celle requise pour la frappe des monnaies. Les chevaux travaillaient 24h/24 par cycle de 8h à cause du froid et de l’altitude. Ils ne marchaient pas à même les cailloux mais sur la paille et terre pour ne pas abimer les sabots trop vite. Seulement 5-6 mois d’espérance de vie au lieu de 25 ans ! Ces plaques obtenues passaient ensuite à la salle de découpage pour en obtenir des cercles appelés « cospeles ». Pour taper la monnaie, un sceau en haut et un en bas.
Les conditions de vie pour les esclaves incas étaient assez lamentables, pendant que les espagnols s’en mettaient plein les fouilles ! En poincetant les pièces, risque de perdre les doigts ; à la fonderie perte de la vue et de la vie en 3 mois, le « meilleur » travail pour un indigène était donc avec les animaux dans cette fabrique de monnaie.
Côté religion : l’apparence des vierges montre bien le mélange christianisme et religion indigène. Elles ont une couronne sur la tête et une robe en triangle semblable à la montagne. Les indigènes représentaient le peuple de Jésus en tenue espagnole car ils les considéraient comme un seul et même peuple.
Les coffres fort pour garder la monnaie ! Coffre fort à 3 clés, avec entrée de la clé cachée. Certains possédaient même de fausses pierres bougeant pour tromper l’ennemi.
Tout était en argent à l’époque coloniale même les wc. Petit sac en argent trop mimi, me rappelle celui que mamie m’a donné en perles 🙂
Petit aperçu des pierres récoltées dans la mine.
La ville « coloniale » de Potosi est destinée à disparaître car pas de conservation des anciens monuments. Et si le patrimoine disparaît, les aides de l’UNESCO vont être annulées et le titre de patrimoine classé également. La montagne aussi va disparaître, à cause de la surexploitation de la mine qui entraine sont effondrement. « C’est un vrai gruyère » selon notre guide, et pourtant environ 15 000 mineurs y travaillent encore au péril de leur vie ! Nous apercevons la montagne depuis le centre de la ville.
Nous n’hésitons pas longtemps entre la visite de la cathédrale et une pause goûter au Café Plaza, sur la place du 10 novembre. Déco sympathique et ambiance paisible.
Nous y sommes pour mon anniversaire, d’ailleurs j’en profite pour vous remercier tous, une fois de plus, pour tous vos messages que ce soit par mail, sur le blog ou par facebook. Tous m’ont beaucoup touché. Du coup on a une bonne excuse pour manger du sucré 😉 Crêpe banane/chocolat et tarte au chocolat. Ca n’a pas que l’air, c’est délicieux !
Pour finir cette escale, nous prenons le collectivos le soir, avec l’aide des locaux pour ne pas se tromper de direction. On se cale au fond et on observe la vie. Musique bolivienne en fond, pas mal de circulation, une maman fait danser son petit et l’amuse. Les gens demandent au chauffeur quand ils veulent descendre, pas vraiment d’arrêt. Certains le connaissent même par son prénom ! En Bolivie les feux ont un compteur pour indiquer le temps restant pour passer au feu vert ou à attendre au feu rouge.
Le voyage en bus jusqu’à Tupiza sera moins convivial, car pour une fois nous avons pris les places tout devant et le pare brise est cassé… On ferme bien le rideau et on essaie de dormir.
C’est bien triste si la ville disparaît mais du fait qu’elle soit classée au patrimoine ne peut -elle obtenir des aides?
Dans tous les cas la vie humaine n’a pas beaucoup de valeur que ce soit à la mine ou dans la frappe des pièces de monnaie…
Bisous sur ces tristes constatations…
Mais il est bien agréable prendre une année…
Oubli impardonnable merci pour vos photos. C’est toujours agréable de vous voir dans les décors… O a l’impression que vous n’êtes pas aussi loin.
Bisous
Bien difficile la vie de ces pauvres mineurs hier comme aujourd’hui…
Les desserts étaient bienvenus pour fêter l’anniversaire de Delphine à qui nous avons pensé tendrement ce jour là.
Bisous de nous trois car David est avec nous. Christine.